Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Fenêtre optique
Fenêtre optique
Publicité
Archives
15 octobre 2009

Remise à zéro

Je me suis réveillée ce matin sur les coups de quatre heures, aux aboiements du chien, avec un mal de tête fracassant.

Sur le moment, je n'ai pas compris. J'ai incriminé le bruit de la rue qui faisait aboyer mon épagneul peureux, puis un peu plus tard, les bruits des travaux qu'on fait faire en ce moment sur la façade de la maison : justement, ce matin-là, les ouvriers travaillaient sur le mur extérieur de la chambre. A huit heures moins le quart, premiers coups de marteau, vrombissement de ponceuse, remue-ménage d'échelles qu'on bouscule. Réveil cruel. Il m'a quand même fallu une bonne demi-heure pour me décider à émerger. Le jeudi matin, j'aime profiter de mes longues matinées, annonciatrices du week-end. Ce matin, pourtant, c'était raté. Comme si cela ne suffisait pas, en sortant un pied de sous la couette une première fois, j'ai été prise d'un frisson glacé : ça y est, c'est l'hiver, il fait 12 dans la maison. La voilà donc, la vraie raison de mon mal de tête. Un manque d'hydratation, peut-être aussi ? Je me souvenais vaguement d'avoir eu soif au milieu de la nuit, sans avoir pris la peine de me lever. Ça m'apprendra.

En rétrospective pourtant, ce mal de tête trouvait ses racines ailleurs : ce n'était ni plus ni moins qu'un phénomène hormonal régulier comme du papier à musique. C'est drôle, j'aurais dû y penser, comme je devrais y penser tous les mois. J'ai un mal à la tête précurseur, qui m'annonce chaque fois la fin d'un cycle, douze à quinze heures avant les premières traces apparentes, mais rien n'y fait : tous les mois, j'ai l'air d'oublier. Futilité de la mémoire humaine...

Ce soir, donc, les compteurs sont remis à zéro. Coup de torchon, table rase. Jusque-là, tout va bien... Je ne sais pas pourtant si je devrais en être rassurée. La fin d'un cycle, c'est aussi le début d'un autre. Sans être une as de la biologie humaine, il me semble me souvenir que ce sont les premiers jours qui sont les plus à risque. Ce qui me donne... deux courtes semaines pour faire le point et mettre mes idées au net. Quand je parlais plus tôt d'une situation nécessaire, voire urgente, je ne la croyais pas si concrète, si palpable.

Qu'est-ce qui me retient de courir à la pharmacie chercher une nouvelle plaquette ? Une nouvelle plaquette serait tellement rassurante, bouclier inviolable de ma liberté et d'un certain repos psychique. Pourtant, en même temps, ce bouclier protège si bien qu'il en cache la vue, qu'il assèche l'imagination. Là, depuis une semaine, je surveille, j'observe, je médite. J'envisage des scénarios, je m'invente des situations. Je me sens vulnérable aussi. Vulnérable ou dangereuse, selon les instants. Au cours d'une balade à vélo le week-end dernier, j'ai dit à X que je me sentais comme "une bombe à retardement". Il a ri. Moi aussi, sur le moment.

Ça, c'était le week-end passé. Depuis lundi, j'ai changé d'optique : pourquoi est-ce que je me mets dans cette position fataliste ("on avisera...") si cela ne me fait pas plaisir ? Qui m'y pousse ? Qui m'oblige ? C'était amusant les premiers jours, mais maintenant que les risques sont plus concrets, si ce n'est plus vraiment aussi drôle, alors pourquoi ? Pourquoi ne pas courir à la pharmacie, alors, chercher du renfort dans la science médicale ?

Par fierté, je crois : une semaine après s'être mis d'accord dans la salle de bains, je ne veux pas donner l'impression que je me rétracte du jeu. C'est un peu cela, un jeu. Sans en être un. C'est au moins un jeu psychologique, qui stimule les neurones. D'ailleurs, je change d'avis assez souvent, qui me dit que demain ou après-demain, je n'aurais pas de nouveau fait volte-face ? J'ai besoin de plus de temps pour me comprendre moi-même. Le problème, c'est que j'aime me faire l'avocat du diable, et j'ai tendance à prendre position contre mes propres positions pour tester la force de mes raisonnements. En contrepartie, je sais que X ne prend pas le temps d'y réfléchir : il a trop de travail, surtout en ce moment, et lui n'est pas visionnaire sur ces choses-là. On verra quand on y sera, serait plutôt sa philosophie. Ma réponse "on avisera" n'a été faite que pour le rassurer : toutes les options restent ouvertes, apparemment, pas de pression pour l'instant. Je ne veux donc pas lui avouer que je passe autant de temps à y penser : reparler de la pilule une semaine plus tard, ce serait admettre une double faiblesse : non seulement, j'y ai réfléchi (beaucoup) et pesé le pour et le contre, mais je préfère me rétracter et arrêter de jouer.

Je ne veux pas non plus qu'il interprète de travers ce que je lui pourrais lui dire, ni les raisons de ma décision : je l'imagine très bien en train de visualiser derrière tout cela un stratagème complexe pour le mettre au pied du mur, et lui faire prendre position - et croire lire en moi l'espoir secret latent de le voir essayer de me faire changer d'avis.

J'ai failli appeler mon blog "labyrinthes" - le nom était déjà pris par quelqu'un d'autre. Dommage. C'est pourtant là que je suis.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité